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L'AIR

  • Photo du rédacteur: Jean-Bernard MICHEL
    Jean-Bernard MICHEL
  • il y a 3 jours
  • 7 min de lecture

Ce jour-là… je me suis penché sur l’Air.

Mais de quel air s’agit-il ?

L'air, élément mystérieux. Invisble, compressible, extensible, on en respire 4500 l par heure. La respiration d'un gaz indispensable à notre vie. Support des oiseaux et de beaucoup d'instectes, capable des pires colères, il soulève des tempêtes. Rien ne résiste à l'air.
L'air, élément mystérieux. Invisble, compressible, extensible, on en respire 4500 l par heure. La respiration d'un gaz indispensable à notre vie. Support des oiseaux et de beaucoup d'instectes, capable des pires colères, il soulève des tempêtes. Rien ne résiste à l'air.

La langue française est bizarre ; exemple : Un pauvre hère assis sur un banc, regarde des enfants jouer sur une aire de jeu en me dévisageant d’un drôle d’air. Je cherche la lettre recommandée A/R que j’ai reçue. Elle m’annonce le début d’une nouvelle ère sur un air des Pink Floyd. L'air a fraîchi et devant moi, un bateau sans ancre court sur son erre.

Cette homonymie possède huit sens différents, et pourtant personne ne doute une seule seconde de quel air je vais vous parler, mes amis.


D’un gaz dont vous respirez chacun quatre mille cinq cents litres chaque heure de votre vie. Cet air-là, nous le partageons. Nos poumons en font leur affaire, échangent oxygène contre gaz carbonique, miracle de l’osmose, absorbent au passage d’autres particules plus ou moins nocives ou bénéfiques, et rejettent le tout vers l’entourage proche qui se l’approprie aussitôt, et ainsi de suite. Quelle plus belle chaîne participative cela peut-être !

Ainsi, l’air est-il le plus beau vecteur de transmission d’Hermès le Trismégiste, qui doit se retourner dans sa tombe de joie. Compressible, extensible, il est le messager le plus souple. Il transmet les signaux de la Nature et perpétue la vie, car c’est un véhicule du pollen, donc un vecteur direct de la reproduction des plantes. L’air vibre, c’est aussi le son, et c’est donc la voix, c’est-à-dire le vecteur de l’information, des sentiments, des odeurs, des phéromones.

C’est aussi le premier matériau illuminé par les photons venant de l’espace, pas seulement du soleil mais de toutes les étoiles.


L’Air. Quel élément mystérieux !

Un gaz qui est à votre disposition jour et nuit, où que vous soyez à la surface de notre planète. La seule chose totalement gratuite au monde (si l’on exclut les eaux de ruissellement) dont quiconque peut disposer à volonté. À moins qu’un jour, les politiciens, au prétexte de vouloir en financer la dépollution, inventent une écotaxe au litre d’air consommé par famille, animaux domestiques inclus, avec décote pour les insuffisants respiratoires et les nourrissons. Ne riez pas, ils ont bien imaginé la « taxe carbone »… L’idée pourrait bien être dans l’air plus tôt qu’on ne l’imagine…

 

« Dans l’Air ». La langue française n’est pas seulement bizarre, elle est aussi fantaisiste.

On ne peut en dénombrer toutes les expressions, l’air de rien : baptême de l’air, pirate de l’air, mal de l’air, trou d’air, l’air de ne pas y toucher… Plus osé : prendre la fille de l’air… Elles sont pléthore, ces expressions, et comme je ne voudrais pas vous pomper l’air plus longtemps, je vais m’arrêter sur ma préférée : « libre comme l’air ». Un humain français et laïque ne prétend-il pas l’être ?

Bon, plaisanterie mise à part, c’est un élément fantastique, l’Air, qui est capable de tout supporter, de tout accepter, de se dilater, de s’échauffer jusqu’à prendre Feu, de se contracter jusqu’à devenir liquide, le seul capable de réunir en lui-même les trois autres éléments ; le Feu de la foudre lorsque les molécules de l’Air s’animent et se frottent violemment dans des cumulo-nimbus. Mais aussi l’Eau dans tous ses états, absorbée par l’Air sous forme de tension de vapeur et régurgitée par l’Air sous forme de pluie, de glace, de grêlon, de brume, de nuage, de brouillard… ou de rosée du matin.

Et enfin l’air accepte même l’élément Terre, et véhicule les scories sulfureuses des volcans, ou des poussières sablonneuses des déserts les plus arides.

 

Ainsi, en plus d’être tolérant et absorbant, l’air, quand il prend le nom d’atmosphère, est également un bouclier qui nous protège de certaines agressions spatiales. Notre planète ne reçoit-elle pas quelque trois cents tonnes par jour de météorites, qui peuvent parfois nous aborder à plus de quatre-vingt mille kilomètres à l’heure, et que l’Air brûle et digère, tout comme les particules ioniques lourdes qui auraient pu franchir la barrière électromagnétique.

L’Air est aussi symboliquement associé à l’épée dans le moyen-âge, c'est à dire à la spiritualité, à l’esprit et à la lumière, notamment dans le Tarot de Marseille, ou dans le Tao et d’autres sujets symboliques.

Il est facétieux. Vous le croyez calme, il vous bouscule comme prit dans un rouleau de l’océan Atlantique. Il vous gifle, vous fouette les joues.

Aviateur, vous le supposez limpide, mais près du sol le voilà qui, telle Isis, se drape d’un voile sournois et opaque. Il vous faudra le déchirer pour trouver votre salut et vous accoupler à la planète. Selon son état, l’Air change de nom pour devenir, risée, brise, vent, bourrasque, tempête, tornades ou trombes souvent très dévastatrices, ouragan ou typhon, ou cyclone selon les zones.

Les vitesses les plus rapides mesurées au sein des grosses tornades américaines sont de cinq à six cents à l’heure. Pratiquement rien ne résiste à l’Air. Enfin, les cisaillements de vents verticaux au sein des orages ont été mesurés à plus de quatre cents à l’heure. Il ne fait pas bon s’y trouver. Pour avoir fréquenté cet air-là, je peux vous le confirmer.

 

À ce propos, j’aimerais d’ailleurs aborder l’Air sous un aspect plus personnel.

Lorsque j’étais petit, à l’âge de cinq ans précisément, je m’en souviens très bien, nous roulions avec mes parents entre Lyon et Marseille. Allongé sur la banquette arrière, je regardais le ciel rempli de beaux cumulus blancs bien joufflus et très brillants. C’est alors qu’il me prit l’envie irrépressible de voler vers eux, de virevolter comme les oiseaux, de foncer dans l’air, de monter, monter, jusqu’en haut, tout là-haut, dans le bleu du ciel et les nuages si blancs. C’était un véritable appel. Cette image m’est toujours restée et lorsqu’un jour, après de multiples péripéties qui sans arrêt m’éloignaient de cette vocation, lorsqu’un jour enfin j’ai pu les rejoindre, ces nuages, les transpercer, connaître leurs secrets les plus intimes, lorsque j’ai pu me dissoudre dans la nuit étoilée vers des destinations invisibles, lorsqu’enfin j’ai pu faire du ciel mon métier, j’ai eu, là, dans l’air, le sentiment d’avoir trouvé ma place dans l’univers.

 

Oui, j’ai donc envie de faire le parallèle entre mon métier de pilote, et l’Art. Car l’Air est pour moi ce que la musique est à l’artiste : une œuvre à accomplir, une partition à jouer ! Le chemin initiatique est très ressemblant. Il passe par une initiation où vous n’êtes plus sensé être le même avant qu’après. Ce chemin continue par des découvertes, des techniques et des connaissances sans cesse nouvelles, jusqu’à ce que l’œuvre s’épanouisse, tout comme le pilote accède à une lumière de plus en plus éclatante, jusqu’à l’altitude la plus haute, celle où l’on a le sentiment de se détacher de la matière pour regarder le monde avec bienveillance, là où l’aviateur commence à admirer la courbure de la Terre, là où le ciel devient presque noir et où la limite de l’atmosphère — de l’Air — devient visible.


Là où l’on se dit qu’on est proche de la Vérité ultime, tellement intime, tellement instinctive que l’on n’a plus de mots pour en parler. Si, peut-être deux : Hic et nunc, ici et maintenant. Et nulle part ailleurs. Le maître alchimiste Burensteinas et Saint Exupéry expliquent très bien ce sentiment de plénitude ultime. Les cosmonautes sur la Lune ont dû aussi ressentir ce sentiment intense et profond. J’en ai rencontré un, James Irwin, lors d’un congrès de l’Air et de l’Espace à Méribel dans les années 80, qui racontait ses trois jours passés sur la Lune aussi simplement que j’aurais pu parler de mes vacances en camping-car en Auvergne.

Ce qui m’avait le plus impressionné, c’était l’athée qu’il disait avoir été avant, et sa profonde foi chrétienne après avoir vu la Terre d’aussi loin alors qu’il se baladait sur la surface de la Lune en conduisant tranquillement sa jeep lunaire.

Je n’adhère pas du tout à sa démarche religieuse, mais je crois vraiment pouvoir comprendre ses impressions inexprimables qui font appel à l’indéfinissable, ou pourrait-on dire : « au sacré ».


A minima, la question qui se veut amusante « où vais-je, où cours-je, dans quel état j’erre » s’impose à tout le monde, qu’on le veuille ou non ? J’aime assez ce que définit sans dogmatisme Burensteinas comme étant « le Principe », principe qui ordonne et réunit les choses en un seul Tout cohérent. Peut-être même devrait-on parler de Principes au pluriel, si l’on se réfère aux doctrines hermétiques du Kybalion, qui en compte sept ? Au fond, ne voulait-il pas exprimer la même chose ? Mais je digresse.

 

J’ai découvert que les instruments du pilote d’avion sont quasiment les mêmes que ceux du musicien. On n’en compte plus les points communs. Par exemple :

L’archer agit sur la corde pour donner à la vibration la forme d’onde voulue — Le manche à balai active les ailerons pour que l’aile attaque l’air sur une trajectoire à la forme voulue. L’un et l’autre sont indispensables à l’accomplissement de l’œuvre.

La partition est égale au plan de vol utilisé en l’air pour fixer une trajectoire et s’y maintenir. La rectitude de la portée musicale est le socle linéaire de toute la philosophie du musicien tout comme l’est celle de la route aérienne pour le pilote.

La prise de notes sert aussi, tout comme en aviation, à noter les consignes, mémoriser des notes, maîtriser des tempos similaires.

L’humilité ; valable aussi pour le comportement d’un aviateur dans l’habitacle de son avion, face aux éléments à apprivoiser. Pas de frime, pas de fioriture. Pas de triche. Pas de fausses notes. De la vérité. De l’action. De l’authenticité. Saint-Exupéry en est l’emblème.

 

Il est également intéressant de remarquer la concordance avec un artiste (musicien ou comédien) en représentation ; on commence par préparer le théâtre avant de faire entrer les spectateurs, puis on transporte un auditoire, on l’élève par les harmoniques musicales, puis on fait sortir les spectateurs et on ferme le théâtre, l’opéra ou l’auditorium, une fois la représentation terminée ; idem pour le pilote, d’abord dans la préparation de son vol au sol, le décollage en guise d’ouverture, le transport des passagers à haute altitude sans fausses notes, puis pour finir, accomplir un atterrissage juste et parfait, puis éteindre les moteurs avant de les faire sortir de l’habitacle.

Il y aurait tant à dire sur l’Air dans de nombreux domaines qu’on pourrait écrire un livre entier : spatial, physique, biologique, anatomique, écologique… D’autres que moi s’en chargeront sûrement un jour, si ce n’est déjà fait.

En tous cas, ce jour-là, voilà ce que l’élément Air m’a inspiré.

 

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